Une page blanche, pas de papier mais un ordinateur posé devant elle. Laissant glisser ses doigts sur le clavier elle réfléchit. Puis se lance. Alors ses doigts frappent à une vitesse ahurissante les touches. Peu à peu un texte se forme sur l'écran. Aucune mise en forme spéciale, excepté le justifié. Quelques soupirs, quelques arrêts, quelques remises de mèches, quelques coups d'oeil à l'heure. Au bout d'une demie heure un texte c'est formé. Ce texte : ça fais pas mal de temps que je me dis qu'il faut lancer un journal. d'ailleurs j'en avais un quand j'étais plus jeune. mais je l'ai jeté un jour, comme ça, ne supportant plus de relire mes pensées passées. dans le même jours j'ai du déchirer quelques centaine de photos que ma famille gardait. je serai curieuse de savoir si quelqu'un s'en est rendu compte. en même temps on est arrivé à l'heure du numérique. ce texte à pour but de prouver à la personne que je serais que les choses iront mieux. je veux devenir quelqu'un. ça parait étrange comme ça, mais je veux devenir quelqu'un. être appréciée, pas forcément connu, mais avoir un cercle d'amis, une vie stable, un métier qui me plais etc. et bien que je clame ne pas croire en l'amour j'espère pouvoir le rencontrer. même si je suis condamnée. je suis condamnée à mourir plus jeune que la moyenne et comme l'a dit un écrivain "la mort est un bon berger car elle ne perd jamais une bête de son troupeau". ça va faire six mois que je suis en liste d'attente pour une greffe de coeur. peut-être que j'en aurai dans deux mois, peut-être dans dix ans. comme les médecins ont trouvé un équilibre dans mes médocs je ne suis pas prioritaire. mais parfois, parfois j'ai peur de mourir. comme ça, d'un coup, me sentir tomber en pleine rue, tomber de ma chaise pendant que les ados de mon âge ce marre. d'ailleurs je suis contente je peux retourner en cours comme tout le monde, mais pas de sport. ça c'est pas mal, j'suis nulle en sport et surtout ça me fais mal partout. [...] voilà c'était un message pour Poppy quand tu auras grandi parce qu'aujourd'hui tu n'es qu'une ado de quatorze ans, triste, énervée, en colère et seule.
Poppy était une adolescente différente. Pas différente dans le sens où elle se teignait les cheveux en rose ou qu'elle était habillé en vert pomme de la tête au pied. C'était une adolescente différente au niveau de son mode de pensée. Plus mature que ses congénères, comme elle les nommait, elle avait dû mal à se faire des amis bien qu'elle ne rêvait que de passer de bons moments avec les jeunes de son âge. Mais elle était bien trop froide, en apparence, pour que les gens l'approchent, de plus ils la prenaient pour une intello. Elle ne se voyait pas comme ça, selon elle ses notes n'étaient pas grandioses (de douze à quatorze) ce qui la différencié c'était sa culture, sa passion pour l'actualité mais aussi sa manière de parler. Utilisant divers mots, plus ou moins complexe que certains n'entendaient que la bouche des "adultes". On arrêtait pas de lui dire, son entourage en particulier, que ça irait mieux avec les années. On lui disait ça depuis l'école primaire alors elle fut assez déçu de voir qu'au lycée il y avait toujours les mêmes idiots - pour pas dire de mot commençant par cré - qu'au collège. Mais ce n'était qu'une période à passer, n'est-ce pas ?